A propos de Lebadang

Lumière cassée.

Si donc il est vrai -ce que je crois- que chez un créateur le principe de toute oeuvre se décide dans la petite enfance, le principe de Lebadang saute aux yeux: rien d'autre qu'une extrême soumission à la volonté, aux quatre volontés d'une lumière à la fois engluée et exaltée par la nue vietnamienne. Gigotant, ronflant, bourdonnant dans son piège.

Chez nous, dit Lebadang, dans tout ce que l'oeil voit, un point vif, un point sombre.

Ce qui donc fait Lebadang si fort qu'on le voit, peintre souverainement détaché de l'anecdote, dont il arrive à ne plus user que comme ponctuation, c'est d'avoir très tôt percé le mystère de ce cristal là, en vérité très simple, simplissime: point vit et point sombre, maille à l'endroit, maille à l'envers, opposition du vif et du sombre non pas par places, par fragments du ciel, par régions de l'espace, mais sur toute chose que le regard découvre.

Que de fois, n'ai je pas eu l'image d'un Lebadang à l'affût de la lumière qui allait sourdre de ce substrat, lui ouvrant les voies, cherchant, encore à l'aveugle, les deux ou trois places où le pouls de cette lumière battrait tout à l'heure, idéalement -mathématiquement. Ecoutant la lumièrte. Ecoutant l'approche de sa nue, guettant le premier murmure du vif et du sombre, du tic et du tac de son mouvement perpétuel.
Georges Conchon
Prix Goncourt


Lebadang est un sage, qui sait que ce qui n'est pas fait avec le temps, n'est retenu par le temps.
Alors, il fabrique, il recompose des paysages, des continents à l'image des modèles qu'il assemble.
Comme il le dit lui-même, comme il le ressent, c'est le cycle éternel de la lumière et de la vie.
C'est une oeuvre où chaque parcelle de cellulose respire profondément la vie et la lumière.
L'acte créateur s'affirme dans toute sa plénitude.
A bien y regarder, l'oeuvre de Lebadang paraît lunaire, silencieusement lunaire.
Des espaces que l'on observe de haut, où le dénivelé et les aspérités du terrain nous rappelent les terra incognita des premiers explorateurs.
Comme si celà était le royaume des esprits, le refuge de la mémoire des morts.
Au premier regard, une oeuvre où l'oeil balaie des contrées glaciales et désertiques, où seule une nappe bleue vient nous faire soupçonner la présence d'un lac ou d'un glacier.
Entre la sérénité et le silence qui précèdent les tempêtes Lebadang devient l'architecte de la nature.

François Nedellec
Conservateur
Musée de la Castre, Cannes


Le marchand d'estampes constatera que l'ouvrage n'est pas un recueil de lithographies, et le libraire traditionnel que ce n'est pas un livre.
Déformation professionnelle. Et c'est de cela qu'il s'agit. Lebedang n'a nullement l'intention d'écrire un texte rehaussé d'illustrations, ni de grouper un certain nombre de lithographies pour en faire un album.
Comme seul texte cette pensée de Lao Tzeu: La nature prie sans parole. Le long, autour, au delà, dans cette pensée les couleurs, les formes, le dialogue de ce qui est regardé avec celui qui regarde. Le mouvement. La lumière. L'intelligence de la nature.
Rejet de la solitude. Chaque lithographie est immédiatement précédée d'une page de callichromie. Les deux pages se lient, se regardent, se comprennent ensemble. Les couleurs, les formes en mouvement se cherchent et déjà sont harmonieuses. Préparée, suggérée par la callichromie, la lithographie renvoie à elle, chacune expliquant l'autre, chacune enrichissant l'autre. Ainsi le lecteur découvre son texte, le spectateur participe à la création picturale.
Lorsque les idéogrammes chinois étaient gravés sur la pierre, les formes en étaient un peu différentes et leur nombre limité. Le pinceau et la soie ouvrirent aux scibes et aux artistes toutes les possibilités calligraphiques. Pourquoi ne pas soumettre la matière à la forme? C'est ce que Lebadang a fait en créant le premier ouvrage.
Que le lecteur, son sens esthétique aidant, jouisse donc de cette oeuvre comme le Chinois devant une page calligraphiée ou l'Egyptien devant ses hiéroglyphes. C'est le lecteur qui, par les couleurs, les formes, les harmonies qu'il élira, apportera un texte sans cesse renouvelé et toujours libre: "Plus élire que lire" écrivait Paul Valéry.
Ensemble dialectique d'idéogrammes picturaux? Pourquoi pas.
Madeleine Petit


Jade d'Asie, fleur rouge et or, précieux et rutilant, écorce de bouleau, papier de nacre, eau glaque des canaux, rizières encendiées de lumière, chariots aux roues noires dans les chemins des fêtes pavoisées, l'art de Lebadang apporte dans Paris le rythme d'une joie éclatante.... A l'art français, où il occupe déjà une place importante, il apporte toute sa sensibilité, son inspiration poétique, celle qui s'exprime par la délicatesse, la discrétion natives d'un murmure d'eau, d'un rayon de cette lumière parfois voilée qui, dans quelques-unes de ses oeuvres, glisse doucement sur les grands fleuves vietnamiens.
Suzanne Tenand


Lebadang's work is all about his own relationship, as a representative man, to cosmic mysteries. His brave aim is to take us along on his journey, thereby broadening our vision beyond what he terms the "earthbound" approach to art.
Lebadang accomplshes his heady goal splendidly in his magnificent cast paper collages, with their sensuous embossed textures.
Some of Lebadng's most recent collages include poetic watercolored statospheres within window like openings that expand the pictotial space infinitely inward, presenting poetic constrasts of strong visual and tactile tensions between illusory imagery and solid matter.
Blair Shiller


The Vietnamese-born, French-educated artist Lebadang has delighted the American eye with his subtle fusions of Eastern and Western sensibility for many years.
Lebadang transcends national and cultural bounderies and reaches the breath-taking universal level of most recent work.
In 1981 he introduced the little rectangular logo in the corners of his works, a tasteful hieroglyph of a family, like a signature chop in a Oriental print, which appears in all his subsequent pieces.
The flowing lines of old oak and mahogany seem an organic growth, as human forms, at once serene and deeply moving, emerge from the warm, sensuous material. Light in structure but solid in form, they have the simplicity of objects in nature, released by the sculptor.
In his most recent work, Lebadng most truly "brings it all together". Lusciously tectured sculptural collages of hand-made paper (produced to the artist's own formula and by his own process), floated in clear lucite boxes to reinforce the supernal sense of space, they engage the viewer with something both beyond the earth and of it. Layers of creamy white and with intricate, deep embossing, exhibit a purity of form that incorporates and surpasses all that has come before of this restless artist's aesthetic search to achieve a truly cosmic scale.
Dennis Wepman